Qu’est que la gestion différenciée des espaces verts ?
La gestion différenciée s’inscrit dans les principes du développement durable en tant que levier d’aménagement qualitatif et évolutif. C’est un principe qui vise à améliorer la qualité des paysages tout en prenant en compte les espèces sauvages mais aussi l’optimisation du temps de travail des agents.
DANS LES MUNICIPALITES, LA DECISION DE METTRE EN PLACE UNE GESTION DIFFERENCIEE DES ESPACES VERTS S’EXPLIQUE PAR :
- La loi LABBE du 1er janvier 2017 qui interdit l’utilisation des pesticides dans les lieux publics et d’ici fin 2022 dans les cimetières et terrain de foot.
- L’augmentation des surfaces à entretenir
- Une non prise en compte de l’entretien en amont
- Une uniformisation de l’entretien et du fleurissement qui appauvrit la diversité végétale
- Des préoccupations qui deviennent également environnementale, avec la volonté de préservation de la biodiversité et des ressources, le développement des trames vertes ainsi que la lutte contre le changement climatique.
La gestion différenciée est ainsi une adaptation de la gestion d’un espace (conception, entretien) selon les caractéristiques du site, son environnement ainsi que son utilisation.
C’est envisager les espaces verts comme un ensemble d’espaces individuels interconnectés et non comme un tout. Cela permet de créer des ambiances, des atmosphères différentes au sein même de la collectivité, matérialisées par des codes d’actions.
En appliquant la gestion différenciée des espaces verts on peut ainsi optimiser les moyens humains, favoriser les essences locales et sensibiliser le grand public à l’environnement.
LA GESTION DIFFERENCIEE SE MANIFESTE DE MANIERE DIFFERENTE POUR CHAQUE ACTEUR CONCERNE :
- Pour le service espaces vert, il se retrouve au travers de la mise en place d’outils de gestion basés sur des cartographies et un zonage avec attribution de codes d’entretien. Ces outils permettent l’organisation des ressources matérielles et humaines, l’élaboration d’un planning annuel des tâches…
- Pour les élus, il s’agit de la déclinaison locale des grandes tendances nationales et internationales affirmés dans le grenelle de l’environnement, et dans les démarches de Développement Durable. Cette démarche demande des prises de décisions modifiant parfois les fonctionnements établis. Elle est exigeante pour les élus qui doivent soutenir les innovations et les changements induits, auprès des équipes municipales comme auprès de leurs administrés. Elle permet aussi d’avoir connaissance des surfaces communales à entretenir et de recenser le patrimoine végétal.
- Pour les habitants, elle prend dans un premier temps la forme d’action de sensibilisation aux nouveaux des usages, à la découverte du patrimoine naturel et culturel des lieux. Elle permet aussi de s’approprier des espaces de vie.
Les enjeux
La gestion différenciée des Espaces Verts et Naturels publics s’inscrit dans les principes du développement durable. Cette gestion, découlant d’une politique communale, permet de répondre à des enjeux multiples.
Les enjeux sociaux :
Etant une opportunité d’organiser le tissu urbain, la gestion différenciée permet aux espaces de devenir des lieux de valorisation, offrant ainsi à la population des lieux récréatifs de proximité. Cette transformation doit déboucher sur une réappropriation par les habitants des sites et constituer un atout pour l’amélioration du cadre de vie : créer du lien social, contribuer à la santé des habitants, étayer le quotidien.
Ces espaces deviennent des vitrines et des supports pour sensibiliser et éduquer à l’environnement ainsi qu’aux nouvelles pratiques. La gestion différenciée doit permettre de réapprendre des notions oubliées tels que la connaissance du sol, l’utilisation de plantes que l’on croyait indésirables pour la découverte d’une biodiversité oubliée.
De plus, adopter des modes de gestion différenciée doit permettre de concilier conservation, et apporter un nouveau regard sur l’art du jardinage, sans renier la tradition horticole, mais plutôt en élargissant les compétences du jardinier.
Les enjeux environnementaux :
Ces enjeux se traduisent par la volonté de ramener la nature dans la ville. Les aménagements antérieurs et une gestion horticole à outrance, avec utilisation de pesticide, nous à amener à un constat amer :
- Homogénéisation des espaces de nature entrainant une diminution des populations végétales et animales indigènes.
- Destruction des équilibres écologiques,
- Pollutions des eaux souterraines par l’usage intensif des intrants
- Appauvrissement des sols
- Le retour à des pratiques plus responsables permettront un retour à un équilibre environnemental, tout en permettant à l’Homme de s’épanouir.
Les enjeux économiques
Une augmentation des surfaces à entretenir, ainsi qu’un effectif souvent stable dans les collectivités nécessite de rationaliser les coûts et oblige les municipalités à revoir leurs pratiques culturales.
L’objectif, possible par une connaissance exacte des surfaces ainsi que par une planification globale d’entretien, est d’affecter du temps et des moyens là où cela est indispensable pour maintenir la valeur d’usage, le confort du public et les fonctionnalités de l’espace vert. En parallèle, on limite ainsi les interventions autant que possible là où l’on souhaite établir des ambiances plus naturelles. Le principe est de rompre avec un entretien « classique » habituel en ciblant les interventions.
LA GESTION DIFFERENCIEE DES ESPACES VERTS PERMET PAR CONSEQUENT DE :
- Réduire les fréquences de tonte et donc de mieux gérer les déchets
- Effectuer des économies d’eau
- Diminuer les déplacements sur des sites demandant moins d’entretien
- Réduire la consommation de carburant
- Impact carbone réduit
- Utiliser les volumes de taille pour faire des copeaux et donc d’apporter de l’humus au sol
- Réduire le temps de travail et l’utiliser sur d’autres postes plus gratifiants.
LA GESTION DIFFERENCIEE N’EST PAS UN ABANDON D’ENTRETIEN.
La gestion différenciée joue sur l’intensité et la nature des soins apportés à chaque espace vert et permet d’y élaborer un traitement sur mesure dans un objectif vertueux de protection des écosystèmes. Mettre en place une Gestion Différenciée repose sur une classification appropriée des espaces selon leur situation, leur dimension, leur image, leur intérêt écologique, leur usage ainsi que l’attente sociale qu’ils suscitent. Elle permet d’établir un inventaire quantitatif et qualitatif des espaces, pour connaître les surfaces à entretenir et les caractéristiques de chaque site. Cela permet de faire ressortir les superficies, la diversité biologique et les espèces végétales présentes, ainsi que les tâches et la charge d’entretien. Une fois cet inventaire effectué, on attribue un code « qualité » ou ambiance paysagère à un site, qui traduisent les objectifs de gestion qui s’y rattachent. Ces codes qualités sont définis à partir des diagnostics quantitatif et qualitatif. Ainsi, les objectifs à atteindre se traduisent par la mise en place d’un cahier des charges qui précise les itinéraires techniques types à appliquer, en fonctions des codes.
Elle est composée d’un code qualité contenant 5 codes :
Code 1 : ESPACES VERTS STRUCTURES ET PAYSAGERS
Code 2 : ESPACES VERTS TRADITIONNELS, LIAISONS D’ACCOMPAGNEMENT
Code 3 : ESPACES VERTS NATURELS ET CHAMPÊTRES
Code 4 : COMPLEXE SPORTIF
Code 5 : JARDINERES ET BACS
Le nouveau plan d’actions de la gestion différenciée des espaces verts tant se met progressivement en marche. Il a été défini en collaboration avec les élus les agents techniques. Il permet de décliner site par site les actions et outils nécessaires.
Nous devons accepter collectivement ce changement qui induit pour chacun d’entre nous d’entretenir les trottoirs le long de sa clôture, de trouver à sa porte des espaces verts plus hauts moins souvent tondus, fleuris et vivants et d’accepter parfois la mauvaise herbe au mauvais endroit qui agace.
C’est un véritable outil de gestion des moyens humains, techniques et financier.
Cette décision bienvenue génère quelques contraintes qu’il faut souvent réexpliquer à l’arrivée galopante des mauvaises herbes, puisque la seule solution efficace consiste en un arrachage manuel, impossible par ailleurs de mettre en œuvre sur l’ensemble du territoire communal.